L’or : une place de choix dans l’art

L'or, indissociable de l'art

Tantôt symbole du divin, tantôt signe de pouvoir, de richesse ou de vanité, l’or a traversé les siècles sous diverses symboliques. Matériau noble, inaltérable et malléable, parfois adoré, parfois méprisé, l’or intrigue l’art et celui-ci le lui rend bien. Par ailleurs, l’art est un investissement pour certains alors que d’autres préferont investir dans l’or, pourquoi pas investir sur une oeuvre d’art en or.

L’art religieux

L’or est conjugué au divin depuis aussi longtemps que l’Antiquité. Chez les anciens Égyptiens, l’or est la couleur et la chair des dieux. Inaliénable, il symbolise l’immortalité et se réserve à l’usage quasi exclusif des pharaons. L’art mortuaire égyptien est donc particulièrement riche en objets faits or.

Jusqu’au Moyen âge, l’or sublime l’art religieux. Toutefois, son caractère presque divin, tel que le conçoivent les Égyptiens, décroit. Dans l’art chrétien occidental, notamment, il est simple porteur de sens. Ainsi, la technique du « Fondo oro » se développe dans les représentations de scènes pieuses qui se servent de l’or pour signifier le céleste, l’inaccessible et le sacré. Le ciel est tapissé de feuilles d’or fin. Elles ajoutent éclat et brillant aux auréoles, signe de sainteté.

Le célèbre Maestà (1318 – 1311) de Duccio di Buoninsegna incarne parfaitement cette place donnée à l’or. Le tableau dépeint la Vierge Marie, tenant l’enfant Jésus dans ses bras, contemplée par des dévots sur fond de ciel doré.

La calligraphie et l’art musulman

Dès le Ve siècle, la calligraphie s’empare elle aussi de l’or. Les enluminures recèlent de véritables œuvres d’art, fait de végétaux entrelacés et de scènes étudiées, sublimés par les feuilles d’or. Copistes et enlumineurs exécutent un travail aux finitions minutieuses.

L’art musulman explore lui aussi les possibilités offertes par ce matériau noble, bien qu’avec parcimonie. L’ostentation n’est pas de mise, d’autant que les illustrateurs se gardent du risque d’idolâtrie.

Aussi, ce type d’art nous livre-t-il des motifs d’une finesse incroyables, relevé avec de l’or et d’autres matériaux aussi précieux que magnifiques. Des sections choisies du Qu’ran sont alors mis en valeur de cette manière.

L’or et les objets

Durant la Renaissance, la recherche de la perfection dans les fonds précipite le déclin de l’usage de l’or dans la peinture et l’iconographie. L’art religieux le déchoit de son titre de symbole du céleste. À partir du XIVe, le ciel, l’architecture et les paysages gagnent la préférence des peintres, bien que la pratique ne soit pas totalement abandonnée.

En revanche, l’opulent ornement baroque s’en saisit. Les dorures illuminent avec faste les châteaux et palais. Des objets liés au pouvoir sont tapissés d’or. Dans la peinture, il orne les bijoux, les tissus.

L’or comme contestation

À l’arrivée de la génération moderne, puis contemporaine, l’or dans l’art connait des évolutions significatives. Les grands maitres de l’art moderne, porté par Gustav Klimt, le voient en premier lieu comme un matériau.

À l’aube de la naissance de l’Art nouveau, il est utilisé dans les explorations des couleurs, de la matière et des formes. La série Monogold (1959 – 1961) d’Yves Klein incarne cette recherche.

Dès les années 1960, l’or prend un virage important dans l’expérimentation. Il sert alors de support aux critiques vis-à-vis du monde de l’art lui-même. Il symbolise le consumérisme qui règne. La symbolique de puissance et de préciosité qui se dégage de l’or se retourne contre elle-même. Provocateur, Piero Manzoni vend de la Merde d’artiste (Artist’s Shit, 1961) au prix de l’or.

L’or : une place de choix dans l’art

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